Samedi à l’étape d’Awendjé, quartiers populaires du 4e arrondissement de Libreville traditionnellement acquis à ABC, les populations l’on invité à se porter candidat à cette consultation électorale. Paré d’un habit traditionnel de la communauté myèné dont il est issu, le président du RPM est apparu tenant dans sa main droite levée une torche indigène allumée, le front marqué au Kaolin blanc.
Il a été accueilli en fils prodigue qui revient sur ces terres après une absence de près de quatre ans, consécutive à son échec déclaré à l’issue de l’élection législative d’octobre 2018 face à un adversaire du PDG. Si le cérémonial est resté le même un peu partout où il est passé depuis l’autre week-end, il fallait surtout aller chercher dans la dimension mystique et symbolique de cette sortie pour comprendre l’importance stratégique que le leader du RPM accorde à ce quartier. À ceux qui veulent l’entendre je vais vous dire un secret. Ici, c’est chez moi. Il y a un lien très fort entre moi et les populations d’Awendjé. Et ce lien qui est un contrat durera tant que je serai là et même au-delà de notre existence, il restera comme tel », a-t-il lancé en direction de ses adversaires politiques.
Ces derniers auront d’ailleurs tenté de saboter cette rencontre. « Si mon père feu Eloi Rahandi Chambrier, premier docteur en pharmacie, a fait du bon travail, pourquoi je devrais avoir honte de le revendiquer ? Et si moi-même j’ai fait du mieux que je pouvais pour ces lieux, pourquoi ne devrais-je pas le revendiquer ? » Il répondait ainsi au représentant des jeunes qui, dans son allocution, a reconnu tellement de réalisations à l’actif de leur invité du jour : « Monsieur le Président, ce n’est un secret pour personne. Vous êtes le garant de la sécurité des jeunes. Vous avez fait mieux que ces vendeurs d’illusions, ces perfides trompeurs incapables de regrouper la jeunesse autour d’une œuvre sociale. Résultat zéro + zéro égal à zéro. » Quant à leur invitation à se porter candidat à la prochaine élection présidentielle, ABC, a préféré réaffirmer sa détermination à œuvrer pour l’avènement de l’alternance au sommet de l’Etat, sans jamais dire clairement comment il entend y parvenir. « Dans les mois à venir, nous allons monter en puissance. Et croyez-moi l’opposition accédera au pouvoir de façon démocratique. Simplement parce après plus de cinquante ans de gouvernance PDG, ils n’ont plus rien à nous prouver. Il faut donc que nous fassions tout pour qu’ils soient contraints de se ranger au garage de l’histoire. Nous allons tout donner pour y arriver. Et je sais de quoi je parle. Ils le savent. Et c’est pourquoi vous voyez toute cette agitation autour de nous », a déclaré Alexandre Barro Chambrier. C’était décidément une sortie des symboles avec la prestation surprise de Patrice Ibouada, artiste faisant dans le genre musical traditionnel, autrefois proche du président Omar Bongo devant qui il aimait se produire lors de quelques-unes de ces sorties officielles. L’apparition de cette icône de la musique folklorique gabonaise a été perçue comme un acte de transmission d’un certain pouvoir à ABC. Mieux encore, une réappropriation d’un terrain politique qu’il avait temporairement laissé à ses rivaux politiques.